Le projet de loi de finances 2026 présenté par le gouvernement Sébastien Lecornu marque un tournant brutal dans la politique sociale française. En effet, sous couvert de ramener le déficit public sous la barre des 5 %, ce budget d’austérité multiplie les coupes drastiques. Par conséquent, ces mesures menaceront directement le quotidien de millions de Français parmi les plus vulnérables.
Des économies massives sur le dos des plus démunis
Logement : 108 millions prélevés aux ménages modestes
Le secteur du logement subit de plein fouet les restrictions budgétaires. Déjà en proie à une crise sans précédent, il voit ses aides diminuer drastiquement. Ainsi, la non-indexation des aides personnalisées au logement (APL) représente une économie de 108 millions d’euros pour l’État. Cette mesure affectera plus de 2 millions de ménages parmi les plus pauvres.
Plus grave encore, l’APL sera purement et simplement supprimée pour les étudiants extracommunautaires. Léa Jules-Clément, co-secrétaire générale de l’Union étudiante, alerte : « Ces aides sont vitales pour ces étudiant.es qui vivent déjà dans des situations de précarité extrême ».
Par ailleurs, le logement social n’est pas épargné. L’Union sociale pour l’habitat (USH) dénonce effectivement 750 millions d’euros de moyens en moins. Ces fonds manquants compromettront l’entretien, la rénovation et la construction de logements sociaux. De surcroît, un prélèvement record de 2,175 milliards d’euros pèsera sur les fonds des organismes HLM.
France Travail amputé de 515 postes
L’opérateur public de l’emploi perdra 515 équivalents temps plein en 2026. Cette réduction participe aux 2,5 milliards d’économies du ministère du Travail. Francine Royon, déléguée syndicale centrale CGT, déplore : « Ces pertes d’effectifs paraissent impossibles. La loi plein-emploi donne déjà plus de boulot aux agents trop peu nombreux. »
Parallèlement, ces suppressions s’accompagnent d’un virage vers le traitement collectif plutôt qu’individuel des demandeurs d’emploi. De plus, le recours aux opérateurs privés de placement s’intensifiera. Selon les syndicats, cette évolution préfigure une privatisation rampante du service public de l’emploi.
Collectivités locales : une purge de près de 10 milliards
Les communes, intercommunalités, départements et régions subissent une ponction massive. Officiellement, le gouvernement annonce 4,7 milliards d’euros de contribution. Néanmoins, André Laignel, président du Comité des finances locales, estime l’impact réel à plus de 8 milliards d’euros.
En réalité, l’Association des petites villes de France évoque même près de 10 milliards. Ce chiffre inclut notamment les mesures touchant les collectivités d’outre-mer. Il englobe également d’autres missions budgétaires comme la cohésion des territoires, la culture et le sport.
Focus : L’insertion professionnelle sacrifiée
20 000 emplois menacés dans l’insertion par l’activité économique
Le secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE) paie le plus lourd tribut à cette politique d’austérité. Concrètement, 20 000 postes devraient être supprimés en 2026. En conséquence, 60 000 personnes vulnérables seront privées d’un accompagnement vers l’emploi.
Cette coupe représente une baisse de 14 % du budget global de l’IAE. Autrement dit, ce sont 200 millions d’euros en moins sur un an. Or, ce choix apparaît paradoxal alors que le gouvernement affiche des objectifs de relance économique et de lutte contre le chômage.
Un modèle efficace mis en péril
Actuellement, 6 000 structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) accompagnent chaque année près de 300 000 personnes. Grâce à un accompagnement personnalisé, ces structures offrent un tremplin vers l’emploi durable. Associations intermédiaires, ateliers et chantiers d’insertion, entreprises d’insertion : toutes proposent travail, formation et accompagnement social.
En effet, la majorité des bénéficiaires de l’IAE vivent sous le seuil de pauvreté au moment de leur entrée dans le dispositif. Malgré la baisse globale du chômage, ces publics restent à la marge du marché du travail classique.
De fausses économies aux effets délétères
Les neuf réseaux du collectif national IAE, dont Emmaüs France, dénoncent des « fausses économies ». En réalité, ces coupes auront l’effet inverse de celui recherché. Ainsi, 1 euro d’aides au poste rapporte au minimum 1,50 euro de recettes pour les comptes publics. En effet, les structures de l’IAE sont des employeurs soumis aux cotisations et impôts.
Par conséquent, ces coupes budgétaires provoqueront une hausse des dépenses sociales. Simultanément, elles entraîneront une baisse des recettes fiscales. Finalement, elles aggraveront paradoxalement le déficit que le gouvernement prétend réduire.
Un investissement de cinq ans anéanti
Les acteurs de l’insertion alertent : « Revenir sur cinq ans d’investissement, c’est mettre en grande difficulté les structures ». De plus, cette décision fait preuve de court-termisme. Pour certaines structures, ces suppressions de financement signifieront purement et simplement la fermeture.
C’est pourquoi le collectif appelle les parlementaires à se mobiliser. L’objectif ? Maintenir ces 60 000 emplois menacés. Il s’agit également de préserver « le dispositif de retour à l’emploi le plus efficace qui existe depuis quarante ans ».
Une politique d’austérité aux multiples visages
Le PLF 2026 ne se limite pas à ces coupes dans les services publics. Il prévoit également d’autres mesures pénalisantes :
- Pour les malades : La fiscalisation des indemnités journalières pour affections longue durée touchera 26 % de la population
- Pour les retraités : La suppression de l’abattement fiscal de 10 %, remplacé par un forfait moins avantageux
- Pour l’environnement : La suppression progressive des avantages fiscaux sur les biocarburants
- Au global : La suppression de 23 niches fiscales pour récupérer 5 des 30 milliards d’économies prévus
Face à cette offensive budgétaire sans précédent, syndicats et associations appellent à la mobilisation. D’une part, la CGT a lancé un appel aux retraités pour une journée de manifestation le 6 novembre. D’autre part, les acteurs de l’insertion sollicitent l’intervention des parlementaires.
Le message est clair : ce budget d’austérité ne résoudra pas le déficit public. Au contraire, il aggravera la précarité de millions de Français. De surcroît, il mettra en péril des dispositifs d’insertion sociale qui ont pourtant fait leurs preuves.
Sources : L’Humanité et Communiqué de presse du collectif national IAE (16 octobre 2025)