Shein s’est implanté dans le digital depuis plusieurs années et cherche maintenant à s’implanter en physique. En effet, le Bazar de l’Hôtel de Ville de Paris accueillera dès novembre sa première boutique physique et pérenne au monde.
1 200 m² de vêtements à prix cassés, au cœur du Marais, symbole du commerce parisien.

Cinq autres boutiques devaient également ouvrir à Dijon, Grenoble, Reims, Limoges et Angers aux Galeries Lafayette avant d’être annulé au vu du refus de ces derniers.

Pendant que les vitrines s’apprêtent à briller de mille lumières, les dégâts humains et écologiques, eux, continuent de s’accumuler.

Le vrai prix du “pas cher”

Shein promet que cette arrivée revitalisera nos centres-villes « Cette alliance est plus qu’un simple lancement – c’est un engagement pour revitaliser les centres-villes partout en France, restaurer les grands magasins et développer des opportunités pour le prêt-à-porter français », avance Shein, promettant « la création de 200 emplois directs et indirects en France ».

Mais à quel prix ?

 Shein collecte, traque, profile sans consentement clair de ses clients. Elle a récemment écopé de 150 millions d’euros d’amende pour violation des données personnelles. 

L’OCDE l’a également jugée non conforme à ses principes directeurs, après des signalements sur des conditions de travail indignes. En effet, des enquêtes ont mis en lumière des cas de travail d’enfants et des semaines de 75 heures dans les ateliers de confection.

Sur le plan environnemental, la réalité contredit également ses slogans :

  • En trois ans, les émissions de gaz à effet de serre de Shein ont doublé, faisant du géant chinois la marque la plus polluante du secteur.
  • Ses produits contiennent parfois des substances interdites ou cancérigènes, comme les phtalates ou le formaldéhyde.
  • La marque exporte chaque jour, 5 000 tonnes de vêtements par avion.

Shein n’est pas bon marché.
Elle fait juste payer la note aux autres : les travailleur·euses, la planète, et bientôt nos commerces locaux.

Pendant ce temps, les marques du prêt-à-porter français tombent

Alors que Shein s’installe sur les plus belles avenues de France, les marques  françaises, elles, s’effondrent.
IKKS, symbole angevin de la mode française, vient d’être placée en redressement judiciaire.
Plus de 1 000 emplois menacés.

Egalement le chausseur et maroquinier Minelli ne parvient pas à redresser la barre. Installé à Gémenos dans les Bouches-du-Rhône, il a été placé en procédure de sauvegarde le 1er septembre 2025 par le tribunal des activités économiques de Paris, où le siège social a déménagé.

Et ce ne sont pas des cas isolés : des dizaines d’ateliers indépendants, de marques françaises engagées et de structures de l’économie sociale et solidaire peinent à survivre, faute de financement, d’appui politique et de relais commerciaux.

Une alliance qui fait scandale

C’est pour cela que l’annonce de Shein au BHV a provoqué une onde de choc dans le secteur du textile.
Plusieurs marques ont décidé de quitter le grand magasin en signe de protestation.

« Profondément choquée » par l’accueil d’une marque régulièrement accusée de pollution environnementale et de conditions de travail indignes, la cofondatrice d’AIME (cosmétiques), Mathilde Lacombe, a annoncé dans la foulée son départ du BHV Marais, tout comme d’autres marques tricolores (Culture Vintage, Talm, etc.).

Pour elles, ce choix n’est pas seulement une erreur stratégique : c’est une trahison de l’esprit même du lieu.

Le BHV Marais, c’était un lieu populaire, vivant, curieux.
Il devient aujourd’hui le symbole d’une dérive.

Ce qu’on demande : un vrai BHV — un Bazar de la Seconde Main

Nous ne voulons pas d’un temple de la surconsommation au cœur de Paris.
Nous voulons un vrai BHV : un Bazar de l’Hôtel de Ville qui redonne sens à son nom.
Un lieu ouvert à la seconde main, au réemploi, à la création artisanale, aux structures de l’économie sociale et solidaire.

Parce que Shein n’est pas fait “pour les pauvres” comme il cherche à le faire croire par son marketing intense.

En réalité, une bonne partie de celles et ceux qui y consomment appartiennent à des classes plus aisées. En effet, le panier moyen des clientes de la marque aux Etats-Unis est de 100 dollars par mois. Ce sont des personnes capables de se permettre des achats réguliers, bien loin des réalités économiques des plus vulnérables.

Shein cherche à prendre la place des acteurs historiques qui ont été créer pour aider les personnes précaires. Emmaüs existe depuis plus de 70 ans et est déjà une réponse solidaire responsable par ses vides-greniers ou friperies. On y trouve des vêtements de qualité à prix accessible, tout en soutenant des actions solidaires et en contribuant à une économie circulaire.

 

Rendre la mode accessible, c’est possible : sans exploitation, sans pollution, sans cynisme.

 

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