Qui dit nouvelle année dit nouvelle « Lumière sur » un vendeur solidaire de jouets d’occasion Label Emmaüs.
La période de Noël est passée mais il n’y a pas de saison pour parler de jouets d’occasion !
Après vous avoir fait découvrir notre fripier Emmaüs vêtements Chambéry récemment, nous partons cette fois à la rencontre de notre vendeur solidaire CARIJOU, spécialisé dans le réemploi des jouets et loisirs.
L’association CARIJOU et ses jouets d’occasion
CARIJOU a été créé en 2000 à Strasbourg. La structure est née d’une volonté de CARITAS Secours Catholique d’Alsace de faire émerger un nouveau projet inscrit dans le champ de l’insertion. Depuis les années 1990, les dons de jouets ont régulièrement augmenté dans les différents lieux d’accueil du réseau CARITAS répartis sur la Région Alsace.
C’est un projet inscrit dans les objectifs de CARITAS. Il vise la création d’une association d’insertion par l’activité économique sur le thème de la récupération, la valorisation et la commercialisation de jouets d’occasion et de matériel de puériculture. Le nom CARIJOU est une contraction de CARItas et de JOUets.
CARIJOU est la première initiative du genre en France. L’association est reconnue d’utilité sociale par l’Etat et conventionnée chantier d’insertion. Elle est constituée d’une équipe de 32 salarié.es en parcours d’insertion et de 3 permanent.es à temps plein.
Nous avons échangé avec Sylvie, salariée en parcours d’insertion du chantier d’insertion et opératrice de l’activité en ligne sur Label Emmaüs. Nous nous sommes également entretenu.es avec Micia, encadrante chez CARIJOU.
Rencontre avec Sylvie, opératrice de CARIJOU sur Label Emmaüs
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Anne-Sophie : Sylvie, depuis combien de temps es-tu opératrice Label Emmaüs et depuis quand ta structure s’est-elle lancée en ligne ?
Sylvie : CARIJOU est en ligne depuis 4 ans et moi je suis dans la structure depuis 2 ans dont 18 mois sur Label Emmaüs. J’ai commencé en vente dans l’une de nos boutiques physiques du centre ville.
Je ne me sentais pas hyper bien dans la boutique du centre commercial avec la grande amplitude horaire. Etant donné mon parcours (20 ans dans le commerce de luxe et 20 ans en tant qu’aide soignante), ma responsable a pensé à moi pour reprendre le poste qui se libérait sur la gestion de la boutique en ligne.
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Est-ce toi qui as lancé l’activité Label chez CARIJOU ? Travailles-tu seule sur l’activité / à plein temps ?
Non, la boutique était déjà lancée en ligne depuis environ 2 ans avant moi. Nous sommes 3 à travailler sur l’activité en ligne et on se partage un peu les tâches. L’une de mes collègues est plus sur la photo, moi sur la création d’annonces … mais on est polyvalente.
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A quoi ressemble ta “journée type” chez CARIJOU ?
Quand j’arrive, en général je commence par préparer les commandes client.es, valider les commandes, les emballer et faire les bordereaux d’expédition. Puis, je donne le tout au collègue qui se charge de déposer les colis au point relais ou à La Poste.
Ensuite, je m’attaque aux mises en ligne des articles. Mes deux collègues s’occupent de prendre les photos, soit environ 200 par jour. En effet, on fait environ 3 photos par annonce et on essaie de créer 60 à 80 annonces par jour. Du coup moi je crée les annonces en ligne avec ces photos.
Je m’occupe également du SAV quand il faut appeler les clients et leur écrire car je suis la seule francophone de l’équipe. Mes collègues sont moins à l’aise au téléphone.
Pour la sélection des produits, je commence par le réassort à l’atelier quand ils ont été nettoyés et revalorisés mais avant qu’ils aient été mis en rayon. J’ai également une collègue au tri qui nous met de côté un tiers des produits “de base”. Les personnes de l’atelier nous mettent aussi de côté certaines marques et des poupées vintage. Elles partent mieux sur Label qu’en boutique.
J’ajoute également des « classiques » et j’essaie de sélectionner des jouets d’occasion plus rares comme de belles boites de Playmobil etc.
Notre objectif à mon arrivée dans l’équipe était de développer et améliorer le Label. J’ai fait des analyses de stocks etc et on a comme objectif de passer à un stock de 4000 produits versus 2700 aujourd’hui. A mon arrivée on était à 1800 produits. Par exemple en décembre on a publié 700 annonces et on a vendu environ 500 produits.
Depuis mon arrivée, on a doublé le CA par rapport à l’année précédente.
On propose une gamme de jouets d’occasion plus large qu’au début en ligne, par exemple les doudous plats et les romans. Mais on est limité en terme de dimensions donc les vélos par exemple ça n’est pas encore possible.
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Ton rythme de création d’annonces et comment le maintiens-tu dans le temps ?
Nous créons 60 à 80 annonces par jour dans l’équipe et on fonctionne par campagne thématique au lieu de fonctionner selon l’arrivage. Par exemple, ce matin on a fait toutes les poupées en porcelaine car on avait atteint un bac plein de ce type d’objets. Idem pour les autres catégories. C’est plus rapide car on peut dupliquer les annonces qui ont une base commune, presque la même taille, la même catégorie etc. On gagne ainsi du temps et de l’efficacité.
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Quels sont les objets qui se vendent le mieux dans votre boutique en ligne ?
C’est par période donc assez fluctuant. Au moment de Noël par exemple, c’était principalement les Playmobil, peluches et livres en tous genres.
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Qu’est-ce que t’apporte la gestion de ta boutique sur Label Emmaüs à titre personnel ?
Ce travail m’a permis de me reconstruire.
En effet, j’ai vécu un gros burnout quand j’étais accueillante familiale pour adultes handicapés valides à l’époque où j’étais aide soignante. J’avais arrêté de travailler à l’hôpital pour faire l’accueil chez moi depuis 5 ans. De plus, j’ai divorcé à ce moment-là donc quand je me suis retrouvée seule à tout devoir gérer en plus du loyer de la maison qui est grande car adaptée à l’accueil des personnes handicapées. J’ai tenu 1 an puis je me suis effondrée.
Puis, j’ai enchainé avec 2 ans de chômage en retournant à l’hôpital de temps en temps alors que j’avais toujours travaillé depuis mes 17 ans et de façon très engagée. Je n’arrivais plus à faire aide soignante à l’hôpital physiquement et moralement. Je ne me sentais plus soignante mais j’avais 58 ans donc beaucoup de portes s’étaient fermées.
C’est à ce moment-là que ma conseillère Pôle emploi m’a proposée de rejoindre CARIJOU en chantier d’insertion grâce à mes compétences transverses du commerce et du social.
J’ai donc commencé par m’occuper de la vente en boutique et de la création de décors ainsi que du merchandising des vitrines. Ensuite s’est présentée l’opportunité de travailler sur la boutique en ligne.
Pour moi c’était un challenge car je n’avais jamais fait de e-commerce , d’import de fichier, de gestion de boutique en ligne. Ce qui est super c’est que j’ai vu l’évolution de l’activité, des ventes etc après l’échec de ma vie professionnelle et personnelle avant.
J’ai ainsi retrouvé la confiance en moi, la joie de transmettre, la sécurité. Ma responsable me fait confiance et me laisse carte blanche.
En plus, en insertion on a moins la pression que dans le commerce classique car on a droit à l’erreur. Je remercie CARIJOU de m’avoir aidé et presque sauvé. En théorie, je vais peut-être pouvoir rester jusqu’à la retraite donc 18 mois de plus, j’attends la réponse de Pôle Emploi.
Affaire à suivre, on souhaite le meilleur à Sylvie pour sa fin de carrière ! 🙂
Rencontre avec Micia, encadrante chez CARIJOU
Nous avons également échangé avec Micia, encadrante chez CARIJOU, qui nous a éclairés sur l’apport de l’activité en ligne pour son association.
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Micia, pour quelle(s) raison(s) CARIJOU a décidé de lancer sa boutique en ligne sur Label Emmaüs ?
En fait, moi je suis arrivée en janvier 2018. A ce moment, on faisait un travail sur le développement commercial de CARIJOU. Entre autres conclusions est ressorti l’intérêt de se lancer en ligne donc on a décidé de tenter l’aventure Label Emmaüs.
Quand on s’est lancé en ligne, on était pas prêt et personne n’était expert de la vente ni d’internet donc ça fait seulement un an qu’on décolle bien notamment car on a plus d’espace de stockage et une vraie équipe stable dédiée qui marche bien.
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D’où viennent les jouets et jeux que vous vendez en ligne ?
Ils sont principalement issus de dons venant de collectes auprès d’associations Caritas et d’apports volontaires des particuliers. On a collecté environ 36 tonnes de marchandises en 2022, dont environ 13/14 tonnes venant de particuliers. Nous sommes spécialisés uniquement dans les jeux et jouets d’occasion.
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Qu’apporte l’activité Label Emmaüs aux salari.ées en parcours d’insertion de ta structure ?
Personnellement j’aimerais bien qu’on arrive à trouver des débouchés professionnels à ces personnes dans le e-commerce. On essaye de faire tourner les stocks, de formaliser les processus et d’avoir un fond minimum de catalogue de 2500 objets dans notre boutique. Cela implique qu’on prend des décisions pour les produits en stock depuis plus de 6 mois. L’idée est d’avoir un stock qui est toujours alimenté et pas immobilisé.
J’ai l’impression que ça leur apporte la même choses que les autres postes en insertion chez nous, de le confiance etc. Mais ça n’est pas propre à Label Emmaüs c’est la même chose en magasin. Nos vendeuses s’orientent ensuite vers les métiers de la vente. J’aimerais que l’on puisse orienter plus facilement les personnes en sortie positive vers le secteur du e-commerce et pourquoi pas les faire profiter des formations de Label Ecole par exemple.
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En quoi votre activité en ligne est-elle complémentaire par rapport à votre boutique physique ?
Pendant longtemps j’étais en charge des 2 activités donc c’était une grosse charge. Depuis plus d’un an, Sylvie s’est mise à fond sur la boutique en ligne et analyse bien les choses.
Les produits qui fonctionnent bien sur Label sont les produits rares , de collection etc. Cela nous a permis de toucher le circuit des collectionneurs qu’on ne touche pas en boutique.
On vend aussi pas mal de jeux, qui sont moins courants que ceux qu’on vend en boutique. Nous mettons aussi les jeux plus récents sur la plateforme en ligne. On tente pas mal de choses et on évolue avec le temps. Néanmoins, on est limité notamment à cause des problématiques d’expédition.
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Votre Chiffre d’affaires sur Label Emmaüs était en moyenne de 1850€ par mois en 2022. Etes-vous satisfaite de ce chiffre et mettez-vous des actions en place pour le faire augmenter ?
Oui on est plutôt satisfait et fier de nous mais bien sûr on doit toujours améliorer l’activité. Du fait qu’on a déménagé dans de nouveaux locaux nous avons maintenant beaucoup plus d’espace de stockage. On a agrandi l’atelier donc nos salarié.es ont beaucoup plus de place et de confort pour l’activité Label. Nous avons actuellement 3 postes sur l’activité en ligne alors qu’avant c’était deux.
Indirectement, nous sommes passés de 24h à 28h par semaine de travail par personne donc ça fait plus de temps alloué pour développer le catalogue. L’objectif est d’atteindre les 3000 annonces en ligne.
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Observez-vous des évolutions dans votre activité en ligne dans le temps ? (type d’objets vendus, profil acheteur.euses…)
J’ai moins de recul que les opératrices sur l’activité opérationnelle du quotidien mais il y a eu un effet covid. Pour nous ça a augmenté depuis. C’est vrai qu’on a presque aucun retour produit donc les gens doivent être satisfaits. De plus, tous nos articles sont expédiables donc j’imagine que ça aide pour les ventes.
Retrouvez tous les jouets et jeux à chiner dans la boutique de CARIJOU sur Label Emmaüs !
Bonjour ,
J’ai eu affaire à Carijou pour une commande passée avant les fêtes. Ce colis , malheureusement n’est jamais arrivé , perdu ou volé ! Le point positif de cela c’est que j’ai été en contact avec Sylvie qui a été d’un professionalisme et d’une gentillesse si peu courant à notre époque , bien dans l’esprit d’Emmaus je pense ! Sans ma commande mais avec un grand sourire quand même à la suite de nos échanges , alors ce serait super chouette qu’elle puisse rester jusqu’à sa retraite car elle est bien à sa place là !
Cordialement
Martine S
Merci pour ce gentil message pour Sylvie 🙂
– De l’équipe Label Emmaüs