La prise de conscience est là, c’est indéniable. Nous devons moins produire, et donc  moins consommer. Nous devons assurer un avenir décent à notre planète et à nous-mêmes. Pour cela, nous sommes nombreux à souhaiter modifier notre façon de consommer pour réduire notre impact au quotidien. La meilleure option est de privilégier la seconde main au neuf bien entendu, mais on parle aussi de mode éthique. 

Ce terme est né principalement en opposition au phénomène de fast fashion. 

Historiquement, l’industrie textile n’a pas toujours placé les enjeux environnementaux et sociaux au cœur de sa production. C’est peu de le dire. L’impact environnemental est énorme dans ce secteur, 2ème plus polluant au monde (responsable de 3% à 10% des émissions mondiales de CO2) après celui du pétrole. Sans parler des conditions de travail des personnes qui fabriquent nos vêtements à l’autre bout du monde, pour le moins contestables. Les chaînes de prêt-à-porter de la fast fashion ont pour but de nous inciter à sur-consommer des articles de mode. Elles renouvellent le plus souvent possible leurs collections de produits à prix très accessibles. Une mode à usage unique, surconsommatrice de ressources, et autant de gaspillage à la clé.  

Aussi, beaucoup de marques se créent aujourd’hui en usant et abusant du terme éthique. Ce qui se cache derrière le concept de marque de mode éthique devient donc flou et il est parfois compliqué de s’y retrouver. On trouve également les termes de marques engagées, durables ou encore responsables. 

Nous allons vous éclairer sur les différents critères pouvant être pris en compte pour qualifier une marque de mode éthique.

Marque éco-responsable

Toutes les marques de mode ont vocation à devenir éco-responsables, et tant mieux !

Il n’est pas rare d’employer le terme de “marque de mode éthique” pour évoquer une marque éco-responsable. La marque éco-responsable a une démarche visant à produire de façon plus respectueuse de l’environnement (approvisionnement et prestations) et de l’humain. Elle va dans le sens d’une gestion responsable de ses achats et de sa production. Cela peut passer par la traçabilité des matières premières, le lieu de fabrication des produits, la fréquence de collections, les transports, le respect de l’humain, les engagements solidaires, la transparence etc. Le Made in France est considéré comme une démarche écoresponsable également. 

Une marque comme Veja, à titre d’exemple, travaille depuis 2005 à produire ses baskets de la façon la plus respectueuse de l’environnement et de l’humain possible. Elle achète du caoutchouc sauvage et du coton bio en direct aux producteurs brésiliens, utilise du cuir n’ayant pas mené à la déforestation et de cuir de poisson upcyclé pour certains modèles, produit dans des usines brésiliennes respectueuses des employés, passe par une entreprise d’insertion pour la logistique , assure la transparence sur toutes ses actions et limites… cette marque pionnière du secteur en inspire beaucoup d’autres. 

Bien entendu, l’article de mode le plus éco-responsable que vous puissiez acheter est celui auquel vous donnez une deuxième vie , comme ceux que vous trouvez en seconde main sur Label Emmaüs 😉

Marque équitable 

Une marque de mode éthique peut également faire appel au commerce équitable.

Le commerce équitable se base sur une série de valeurs, traduites en critères, communs aux 8 référentiels internationaux reconnus de commerce équitable :

  • des critères économiques : accès au marché facilité ; paiement d’un prix juste ; relations commerciales à long terme ; préfinancement des commandes si besoin ; transparence et traçabilité…
  • des critères sociaux : respect des conventions fondamentales de l’OIT (temps de travail, revenu minimum, âge minimum, liberté syndicale …) ; absence du travail des enfants et du travail forcé
  • des critères d’empowerment (renforcement et autonomie) : fonctionnement démocratique et participation aux décisions ; égalité des travailleurs…
  • des critères environnementaux : respect de la biodiversité ; interdiction des substances dangereuses ; utilisation des ressources naturelles ; gestion écologique des déchets et des emballages…
  • des critères de sensibilisation : sensibilisation des populations aux enjeux d’un commerce mondial plus juste

Dans la pratique, il y a 2 approches :

  • Une approche “produit” : les productions et les produits sont contrôlés et certifiés
  • Une approche “organisation” : les acteurs (producteurs/importateurs/distributeurs) sont contrôlés et garantis “acteurs de commerce équitable”.

Il existe donc plusieurs commerces équitables correspondant aux différentes visions, et plusieurs labels privés permettant d’identifier des produits équitables. Le commerce équitable peut aussi bien se retrouver dans l’alimentation que dans la mode. 

Artisans du Monde , seul vendeur d’articles neufs sur Label Emmaüs, est un acteur important du commerce équitable depuis 1974 !

Marque de vêtements en coton bio

La marque de mode éthique peut aussi orienter son action sur la matière première utilisée.

Le coton est de couleur blanche, mais il n’est pas tout blanc. Il est en effet l’une des raisons principales de la pollution liée à l’industrie textile.

En chiffres le coton c’est :

  • 3ème consommateur mondial d’eau d’irrigation, après le riz et le blé
  • 1kg de coton entraîne une consommation de 5263 litres d’eau
  • 25% des insecticides et 10% des herbicides sont consommés par la production de coton, selon l’OMS; et plus de 60% du coton cultivé est d’origine génétiquement modifiée. 

Le coton biologique, à l’inverse , n’utilise aucun pesticide chimique ou engrais. Il est donc moins néfaste pour l’environnement et moins polluant.  

Sa culture est beaucoup moins gourmande en eau que celle du coton traditionnel, et il est évidemment moins nocif pour la santé des cultivateurs locaux et des habitants des régions où il est cultivé. Il serait également réputé comme étant plus durable dans le temps grâce à ses fibres plus solides. 

Le coton doit bien entendu être certifié par un label de type GOTS ou EKO SKAL, pour être attesté comme bio. 

La marque Patagonia utilise exclusivement du coton bio pour ses vêtements depuis sa prise de conscience sur l’impact écologique lié au coton en 1996, ce qui en fait une pionnière du secteur. 

Idéalement, on préfèrera un vêtement en coton recyclé à son équivalent en coton bio 😉

Marque en matières recyclées

L’univers textile a la chance d’utiliser des matières premières qui sont recyclables, telles que le coton, la laine ou encore le polyester. 

Il est également possible de recycler les pneus, les filets de pêche et les bouteilles plastiques. Ces matières ouvrent le champ des possibles au secteur de la mode pour privilégier un production à base de matières recyclées plutôt que neuves. 

On pense par exemple à la jeune marque française Hopaal : elle produit ses vêtements à partir de matières premières recyclées, notamment avec des chutes de rouleaux de coton ou via des partenariats avec des collecteurs tels que Le Relais (membre du mouvement Emmaüs et vendeur sur Label Emmaüs). Elle produit principalement en France et apporte une transparence maximum sur toutes les étapes de sa chaîne de valeur. 

Marque vegan

A l’image du secteur de l’alimentation, un vêtement vegan ne peut contenir aucun composant d’origine animale. Le cuir animal sera donc ainsi banni des matières premières (remplacé par du pinatex, du liège,…) utilisées, ainsi que les fourrures, les plumes, la laine, la soie, etc. 

Il est compliqué pour une marque d’être 100% vegan, notamment grâce à la qualité des matières animales en terme de durabilité, comme c’est le cas pour la laine. 

Des marques comme Bynath font des créations 100% vegan et refusent ainsi l’exploitation animale sous toute ses formes, du processus de création au produit fini.

Nous espérons que ce tour d’horizon des différentes façons pour les marques de mode de limiter leur impact vous donnerons les clés pour amorcer votre transition vers un mode de consommation plus durable , que ce soit sur Label Emmaüs ou ailleurs. 

Anne-Sophie Tournadre

Anne-Sophie Tournadre

Sensible aux injustices sociales et consciente de l'urgence d'une transition écologique, je pense - comme le disait l'Abbé Pierre - qu'il ne faut pas attendre d'être parfait‧e pour commencer quelque chose de bien.

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