Portrait du consommateur du monde d’après

On ne va pas vous faire un cours d’histoire. L’industrialisation des sociétés occidentales, le développement des transports, la délocalisation de la production, la mondialisation, le capitalisme, la consommation de masse … Et nous voici en mars 2020. Un moment de bascule auquel le monde entier s’est mis en pause. Une parenthèse dans la vie de toutes et tous, aux quatre coins du monde. Une remise du compteur à zéro le temps d’une crise sanitaire et d’un confinement mondial.

Alors que nous arrivons à la fin de cet arrêt sur image, voici le moment de faire le bilan calmement et de se projeter dans le monde d’après. En effet, cette période a été pour nous tous, en tant que consommateurs, citoyens, pays … l’occasion de réfléchir à notre impact sur le monde et de remettre en question notre manière de consommer.

Voici quelques pistes de réflexion sur ce que pourrait devenir notre société si l’on plaçait l’humain et l’environnement au centre des prises de décisions, au lieu du profit et de l’individualisme. Le changement de nos sociétés en profondeur passe par l’action de tous : Etat, entreprises et citoyens.

Consommer autrement

Si on veut résumer, on peut dire que consommer autrement, c’est consommer moins mais mieux.

Vaste programme que consommer autrement, quand on a passé sa vie à acheter des produits sans se soucier de l’effet papillon.  Dans une société du tout jetable où la publicité nous pousse à la surconsommation, l’achat responsable ou éthique semblait encore réservé aux écolo idéalistes il y a peu. Sauf que la planète nous appartient à tous, et que toutes les études scientifiques prouvent que quand on lui fait du mal, on se fait du mal à nous-même. En atteste le réchauffement climatique, la montée des eaux, les tsunamis…

En consommant moins

Bonne nouvelle, la période de confinement a révélé un intérêt grandissant des consommateurs pour les alternatives durables et solidaires. 44% des consommateurs ont ainsi pris conscience qu’ils consommaient des choses qui ne leur étaient pas indispensables et 45% pensent que la crise modifiera durablement leurs habitudes d’achats. Durant le confinement, 2/3 des Français ont ainsi affirmé faire le choix de produits responsables.

Le secteur de la mode de seconde main se développe également. En effet, 40% des consommateurs de mode ont acheté une pièce d’occasion en 2019, contre 15% une dizaine d’années plus tôt.

Acheter d’occasion oui, mais également réparer, transformer, partager, prêter …. Le consommateur du monde d’après réduit ses achats. Cela passe par exemple par des Repair café, des événements collaboratifs et participatifs pour découvrir, apprendre, transmettre … et réparer ses objets ensemble. Il apprend à restaurer de vieux meubles, et transforme des objets en d’autres objets grâce au Do It Yourself !

Il s’engage également dans une démarche zéro-déchet afin de réduire sa consommation d’emballages plastiques et réduire le gaspillage alimentaire.

En consommant mieux

Après le moins, le mieux.

Acheter est un acte militant qui reflète nos valeurs et notre rapport au monde.

A partir du moment où l’on intègre ce principe, notre manière d’acheter au quotidien est complètement modifiée car on prend le réflexe de réfléchir à ce qui se cache derrière le produit qu’on met dans son panier. L’envers de l’étiquette devient alors primordial et le superflus évident.

Pour consommer mieux, le consommateur responsable se renseigne sur le sujet, il est curieux et intègre cette nouvelle vision à tous les aspects de son quotidien.

Se déplacer à vélo, privilégier le local et les circuits courts, opter pour l’énergie renouvelable chez soi, préférer les petites marques et enseignes indépendantes aux gros groupes capitalistes … Autant de petites actions quotidiennes qui deviendront des habitudes vertueuses.

Produire différemment

Mesurer son impact

Pour produire différemment, une entreprise doit commencer par évaluer l’impact de son activité sur l’environnement et l’humain, et ce à tous les niveaux de la chaîne. A titre d’exemple, Label Emmaüs a vendu plus de 90 000 produits de seconde main en 2020, soit autant d’articles sauvés de la poubelle auxquels nous offrons une seconde vie grâce à vous !

Mais comme toute activité, la notre a également des impacts négatifs liés par exemple au transport des colis. Pour aller plus loin dans la minimisation de notre impact, nous avons mené une étude poussée et identifié des axes d’amélioration que nous vous partagerons bientôt ! 🙂

Repenser le fonctionnement de l’entreprise

La transparence est primordiale de la part des gros groupes internationaux, qui ont entre les mains un réel pouvoir de pédagogie et de sensibilisation auprès des citoyens. Ces groupes sont également très polluants et une partie de leur production n’est pas vendue. Depuis 2019, la loi a évolué et interdit maintenant aux marques de prêt à porter de jeter leurs invendus, en nouant par exemple des partenariats avec les associations caritatives comme Emmaüs.

Arrêter la surproduction et les collections très courtes (fast fashion), relocaliser la production pour que les articles ne fassent pas le tour du monde avant d’être consommés, rémunérer dignement la main d’oeuvre, opter pour le commerce équitable … les gros groupes peuvent agir pour lutter contre le dérèglement climatique à leurs échelles, mais la prise de conscience doit être globale. Cela ne fonctionnera que si tout le monde agit.

Nourrir la planète

L’agriculture intensive est associée à l’utilisation de pesticides très polluants. Ceux-ci détruisent les sols, impliquent la déforestation. Sans oublier l’utilisation de semences transgéniques et la mise en danger de la santé des consommateurs . Et qu’en est-il des conditions de vies indécentes pour les paysans ? De leurs marges qui se réduisent chaque jour un peu plus ? L’industrie bovine, quand à elle, est la principale émettrice de gazs à effet de serre.

L’industrie alimentaire est donc bien entendu remise en cause dans le monde d’après.

Le principe de souveraineté alimentaire est né, il représente le droit des peuples de décider des moyens qu’ils souhaitent mettre en œuvre pour se nourrir en renforçant leur autonomie. Il s’agit de reprendre ce qui a été cédé aux entreprises transnationales qui contrôlent le commerce mondial.

Nous, citoyens, pouvons encourager le retour à une agriculture raisonnée et juste de différentes façons. Pour ceux qui le peuvent, cela peut passer par le choix d’aliments issus de l’agriculture biologique.  Cela implique aussi l’achat des fruits et légumes locaux et de saison.

Nous prêtons déjà bien plus attention aux circuits courts et les préférons aux grandes surfaces alimentaires. Le consommateur du monde d’après privilégie également l’adoption d’un régime alimentaire moins riche en viande. Et pourquoi pas avoir son propre potager ou s’investir dans un jardin partagé ? Ce qui signifie à la fois gagner en autonomie et en qualité sur votre alimentation.

Prendre soin des autres

Voici un chiffre révélateur que nous vous avions déjà partagé. En France, 7 milliardaires possèdent plus que les 30 % les plus pauvres.

Et cela n’est pas nouveau dans une société qui privilégie l’individuel au collectif. Voilà pourquoi la réduction des inégalités et de toute forme d’exclusion est un réel enjeu. Inégalités salariales liées au sexe, discrimination à l’embauche, égalité des chances,… Et bien sûr, la lutte contre la grande précarité, l’accueil et l’insertion des réfugiés dans la société… La route est encore longue, même pour le pays des droits de l’homme.

Dans le monde d’après, un partage plus juste des richesses et une meilleure valorisation du travail sont priorisés.

La récente pandémie le montre de façon criante, il est temps de faire attention. Et surtout primordial de prendre soin de notre système de santé et de notre service public. Elle nous montre également qu’à force de négliger notre écosystème, il peut se retourner contre nous en laissant circuler des maladies de l’animal à l’homme de façon incontrôlable. L’une des propositions faite par l’association Alternatiba serait de réduire les inégalités salariales liées au sexe et au prestige de la fonction, au profit de l’utilité sociale et écologique de celle-ci.

Des associations, comme Emmaüs le fait depuis plus de 70 ans. Elles combattent la grande pauvreté et oeuvrent pour l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi. Nous, Label Emmaüs, avons d’ailleurs créé Label Ecole en 2019. Une école inclusive dédiée aux métiers du e-commerce.

S’engager, résister, se mobiliser

Au cours de l’histoire, aucun acquis social ne se gagne sans désobéissance et sans lutte pour des lois plus justes.

On voit ainsi naître des associations de désobéissance civile non violentes. Ceci vise à interpeller sur les aberrations de notre société capitaliste, ainsi que  des marches pour le climat.

La prise de conscience se dessine également dans les institutions de manière concrète.

En France, la récente Convention Citoyenne pour le Climat demande d’ailleurs un référendum au sénat sur le crime d’écocide, afin que ce terme  soit inscrit dans la constitution française.

Un message fort dans la prise en compte des enjeux environnementaux par notre gouvernement. Décidée par le Président de la République, elle réunit cent cinquante personnes, toutes tirées au sort. Elle illustre ainsi la diversité de la société française. Pour la première fois, on implique directement des citoyen.nes français.es dans la préparation de la loi. Cette expérience démocratique inédite en France donne la parole aux citoyen.nes pour accélérer la lutte contre le changement climatique. Elle vise à définir une série de mesures. Le but ? Permettre d’atteindre une baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990). Le tout dans un esprit de justice sociale.

A titre individuel, le citoyen du monde d’après est encore plus engagé au niveau associatif et local. Protection de l’environnement, aide aux réfugiés, soutien scolaire, maraudes, distribution de repas aux sans-abris etc. Les initiatives sont nombreuses, vous trouverez facilement de quoi vous engager à proximité de chez vous !

Vous l’avez vu, le monde d’après est positif et se décide à faire bouger les lignes.

Restez connectés et suivez-nous sur nos réseaux le 30 juin, nous aurons quelque chose de spécial à vous dire … 🙂

Anne-Sophie Tournadre

Anne-Sophie Tournadre

Sensible aux injustices sociales et consciente de l'urgence d'une transition écologique, je pense - comme le disait l'Abbé Pierre - qu'il ne faut pas attendre d'être parfait‧e pour commencer quelque chose de bien.

One Comment

Laisser un commentaire