Histoires de femmes qui ont marqué l’Histoire

Hier, le 1er mai marquait la fête du travail.

Le travail, défini aujourd’hui comme « l’exercice d’une activité professionnelle », est un élément central de la plupart des vies humaines. Il permet de subvenir à ses besoins, se sentir utile et avoir une place dans la société.

Il est d’ailleurs l’un des piliers du fonctionnement d’Emmaüs créé par l’Abbé Pierre, permettant aux personnes en situation de grande pauvreté de redevenir actrices de leurs vies en regagnant « l’autonomie par l’activité ».

Le travail est un droit, et comme tous les droits, il met en exergue les inégalités de nos sociétés. En France, il faut attendre 1965 pour que la femme mariée puisse exercer une profession sans l’autorisation de son mari. Et 1965, c’était il n’y a pas si longtemps. L’égalité hommes femmes a bien évolué depuis chez nous mais le chemin est encore long, autant dans les sphères publiques que privées.

Artistes, écrivaines, scientifiques ou militantes… nombreuses sont les femmes à avoir marqué l’Histoire et fait bouger les lignes, chacune à sa façon.

Il ne s’agit pas ici de vous présenter une liste exhaustive, mais de mettre en lumière l’histoire d’héroïnes inspirantes. Différentes époques, différents engagements, différentes passions. Toutes ces femmes ont contribué à faire évoluer les mentalités, ou du moins ont fait rayonner le féminin et remis en cause l’existant.

Olympe de Gouges (1748-1793), mère du féminisme

« La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune. »

Olympe de Gouges est une révolutionnaire considérée comme l’une des premières féministes françaises. Elle s’est distinguée par sa célèbre « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » rédigée en 1791. Elle prône l’émancipation féminine, y compris sexuelle, et l’égalité des sexes.

Au-delà de sa lutte pour le droit des femmes, Olympe de Gouges a également lutté contre l’esclavage et la peine de mort. C’est aussi l’une des premières à exprimer des propositions concrètes en faveur de la démocratie.

Révolutionnaire engagée, elle soutiendra les Girondins au travers et ira jusqu’à défendre le roi Louis XVI. Ses actions lui vaudront d’être guillotinée en 1793.

Hubertine Auclerc (1848 – 1914)

« J’ai été presque en naissant une révoltée contre l’écrasement féminin, tant la brutalité de l’homme envers la femme, dont mon enfance avait été épouvantée, m’a de bonne heure déterminée à revendiquer pour mon sexe l’indépendance et la considération. »

Militante féministe qui s’est battue pour le droit de vote des femmes. Jeune fille issue d’une famille aisée, Marie Anne Hubertine Auclert, très croyante, a d’abord souhaité devenir religieuse mais au couvent de Montluçon, elle est jugée trop indépendante.

Devenue libre et indépendante jeune, elle lutte pour la révision du Code Napoléon dans lequel la femme est considérée comme une mineure sous la tutelle de ses parents puis de son mari. Hubertine Auclerc fera toujours partie de mouvements féministes et notamment de La Ligue française pour le droit des femmes avec Victor Hugo comme président d’honneur. Elle est semble-t’il la première militante française à se déclarer ‘féministe’.

Hubertine dénonce la loi sur le divorce qui défavorise les femmes et ne leur permet pas de garder leur salaire, ou refuse de payer ses impôts en avançant l’injustice de prélever des sommes à celles qui n’ont même pas de représentation légale. Elle va jusqu’à réclamer la féminisation de certains mots : témoin, député, électeur…  Jusqu’à sa mort elle s’est battue pour l’égalité hommes-femmes, une statue en son honneur a été érigée sur sa tombe au Père Lachaise, elle commémore le suffrage des Femmes.

Rosa Parks (1913-2005), anti-ségrégationniste

“Si nous baissons les bras, nous sommes complaisants envers les mauvais traitements, ce qui les rend encore plus oppressifs.”

Figure majeure dans la lutte contre la ségrégation raciale alors subie par les noir.e.s aux Etats-Unis, Rosa Parks est « la mère du mouvement des droits civiques ». Elle devint célèbre grâce à un trajet de bus, durant lequel elle refuse de céder sa place à un homme blanc qui la réclame. A l’époque, l’homme en a le droit le plus strict.

La jeune femme est immédiatement arrêtée. Elle était déjà militante pour les droits des personnes de couleurs, seule femme au bureau de la National Association for the Advencement of Colored People. Son action dans le bus entraîna le boycott du transport en commun par de très nombreuses personnes noires. La Cour Suprême leur donna ensuite raison en déclarant la ségrégation dans le bus anticonstitutionnelle.

Elle travaillera ensuite dans le bureau du représentant démocrate du Michigan, continuant son action politique.  Ses combats contre la ségrégation raciale débouchent sur le Civil Rights Act, interdisant la discrimination dans les lieux publics.

 

George Sand (1804 – 1876), écrivaine libre

George Sand – de son vrai nom Amantine Aurore Lucile Dupin – est la première femme à avoir vécu de sa plume en publiant pièces de théâtre, nouvelles, critiques littéraires et écrits politiques. Cette féministe avant l’heure a fait scandale en se choisissant un pseudonyme masculin. Elle portait le costume d’homme et a entretenu de nombreuses relations passionnelles avec des hommes et femmes.

Certains étaient célèbres, comme Alfred de Musset et Chopin. Militante, elle s’oppose à Napoléon III et à la proclamation de l’Empire en 1851 et prend la défense du prolétariat. Sa vie personnelle transparaît dans nombre de ses romans, et elle n’a jamais cessé d’écrire pendant prés de 50 ans.

 

Malala Yousafzai (1997 -), enfant prix Nobel

« Je ne parle pas en mon nom, mais pour ceux dont on n’entend jamais la voix, ceux qui se sont battus pour leurs droits. »

Militante pakistanaise âgée de seulement 18 ans, Malala Yousafzai a reçu le prix Nobel de la Paix en 2014. Cela fait d’elle la plus jeune lauréate de cette prestigieuse récompense. On lui décerne le prix Nobel « pour son combat contre l’oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de tous les enfants à l’éducation ».

À 11 ans, Malala prenait déjà position sur l’accès à l’éducation des jeunes filles, et ce malgré la menace des talibans dans son pays.  Elle aspire aujourd’hui à changer l’avenir du Pakistan grâce à sa carrière politique.

Caresse Crosby (1891- 1970), esprit libre

Née sous le nom de Mary Phelps Jacob, Caresse Crosby faisait partie de l’une des familles les plus riches de Nouvelle-Angleterre. En 1914, à l’occasion d’un souci rencontré avec son corset durant son bal de promo, elle improvise la création de ce qu’elle appelle une brassière.

La jeune femme a eu l’idée de prendre deux mouchoirs de soie et de les coudre en utilisant un ruban rose et un cordon. C’est comme ça que le soutien-gorge est né. Elle a ainsi créé une alternative plus confortable et moins encombrante aux corsets, qui maltraitaient alors le corps féminin. La vie de Caresse est digne d’un roman, n’hésitez pas à vous renseigner !

Simone Veil (1927-2017), icône des droits des femmes

« Pour se rendre invisible n’importe quel homme n’a pas de moyen plus sûr que de devenir pauvre. »

Son adolescence tragique fut marquée par une déportation à Auschwitz, où elle a perdu sa mère, son père et son frère. Cette femme courage devint ensuite une figure politique française les plus populaires. Ministre de la santé en 1974, Simone Veil a notamment défendu le célèbre projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). La « loi Veil » votée en 1975, légalise ainsi l’avortement. Un moment clé dans l’Histoire des droits des Femmes.
Elle fut ensuite la première présidente du Parlement européen (1979) et la première femme ministre d’État (1993), mais aussi membre du Conseil Constitutionnel (1998) ou encore Immortelle à l’Académie française (2008). Une vie incroyable pour une femme d’exception.

Coco Chanel (1883 – 1971), couturière libératrice

« Les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. »

On ne présente pas Gabrielle Chasnel, alias Coco Chanel. Après une enfance difficile, la jeune fille devient modiste à Paris, et créée rapidement sa première boutique. Coco Chanel met une touche masculine dans ses dessins.

Son but est de libérer les mouvements de la femme et de moderniser les tenues. C’est elle qui popularise le port du jersey et les cheveux courts. Faisant toujours preuve de simplicité et d’élégance dans ses créations, elle envahit le secteur de la mode dans les années 1920 et lance ensuite son parfum iconique, Chanel N°5.

 

 Marie Curie (1867-1934), scientifique de génie

« Premier principe: ne jamais se laisser abattre par des personnes ou par des événements »

D’origine polonaise puis naturalisée française, Marie Curie est la première scientifique à recevoir le prix Nobel. Elle est aussi la seule femme à en avoir reçu deux et la seule personne a avoir reçu deus distinctions dans des domaines différents.

Elle obtint de nombreuses récompenses pour ses recherches sur le polonium et le radium. Cette physicienne d’exception a également été la première femme à enseigner dans la prestigieuse université de la Sorbonne. Première femme directrice d’un laboratoire universitaire, elle accueille 45 femmes sans faire de distinction sexiste lors de son recrutement. Le film, Radioactive, que nous aurons peut-être le plaisir de découvrir bientôt, revient sur sa vie, son activité de chercheuse et son combat féministe.

 

Frida Kahlo (1907 – 1954), artiste tourmentée

“J’aimerais que mon œuvre contribue à la lutte pour la paix et la liberté .”

Frida Kahlo est une artiste peintre mexicaine charismatique. Elle est touchée dés son plus jeune âge par une maladie infectieuse, puis victime d’un grave accident. Frida portera toute sa vie son corps comme un fardeau. Elle est célèbre pour ses autoportraits où elle met en avant sa souffrance physique et sa vie passionnée de femme. Elle s’intéresse notamment à l’émancipation des femmes dans une société qui est très machiste.

Ses amours tumultueux avec Joseph Trotski et Diego Rivera et son caractère tourmenté ont fait d’elle l’une des figures féminines les plus complexes et fascinantes du XXème siècle. Elle fut aussi bien une militante communiste qu’une précurseure du féminisme.

Femme moderne, elle revient dans notre actualité comme une figure criante de la féminité et de l’art. Emblême, on la retrouve dans de nombreuses représentations. L’un de ses poèmes a également été cité dans le récent film d’Hafsia Herzi, Tu mérites un amour.

Mère Térésa (1910 – 1997), religieuse dévouée

De son vrai nom Agnès Gonxha Bojaxhiu, la célèbre religieuse yougoslave (née en Macédoine) part en Inde accomplir sa formation religieuse à 19 ans. Elle y restera. D’abord enseignante puis directrice d’école à Calcutta, elle consacrera sa vie aux plus miséreux. Elle partage son temps entre soins médicaux, enseignements et prise en charge des mourants. Elle sera canonisée par le pape Jean-Paul II en 2016.

Agnès Varda (30 mai 1928 – 29 mars 2019),  réalisatrice féministe

Photographe, réalisatrice et plasticienne française, nous sommes attachés à l’oeuvre d’Agnès Varda pour plusieurs raisons. Femme indépendante et revendicatrice, elle fugue à l’âge de 18 ans pendant 3 mois. Dès ses premières réalisations, elle montre des oeuvres très personnelles. Aux Etats Unis, elle rencontre Jim Morrison et Harrison Ford.
Féministe, elle réalise L’une chante l’autre pas où elle aborde le droit à l’avortement. Elle y raconte le combat de plusieurs femmes pour avoir des enfants désirés. Après s’être consacrée à plusieurs films sur Jacques Demy, son époux mort du Sida en 1990, elle s’éloigne quelques temps des plateaux avant de revenir en force pour Les Glaneurs et la Glaneuse.
Un documentaire à moindre frais et une étape marquante dans sa carrière. Elle y raconte l’histoire du glanage et celle de la chine de rue sur fond de peinture de Millet. Une vision poétique et réaliste et une histoire chère au mouvement Emmaüs. Une oeuvre merveilleuse à redécouvrir.
En parlant de femmes importantes, la fête des mères c’est bientôt. Découvrez toutes nos idées cadeau ici pour les femmes de vos vies ! 😉
Anne-Sophie Tournadre

Anne-Sophie Tournadre

Sensible aux injustices sociales et consciente de l'urgence d'une transition écologique, je pense - comme le disait l'Abbé Pierre - qu'il ne faut pas attendre d'être parfait‧e pour commencer quelque chose de bien.

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