L’aide et l’accueil des personnes en difficulté : on en est où ?

Dès aujourd’hui, le collectif Alerte a dévoilé ses inquiétudes sur le drame social qui se profile derrière la crise sanitaire que nous traversons. Regroupant plusieurs associations dont Emmaüs France, le collectif oeuvre depuis 1994, contre la pauvreté et les exclusions. Il insiste désormais pour que soient prises dans les prochains jours, des initiatives permettant de venir au secours des personnes vulnérables. Que cela soit pour l’accueil des personnes en difficulté, les soins et l’aide alimentaire.

Emmaüs a déjà anticipé différentes initiatives de solidarité. Alors même que se ferment au public les 289 groupes Emmaüs de France et les 470 boutiques, le soutien se poursuit. Et le mouvement lutte contre l’isolement, qu’il soit géographique ou numérique. Dans ce contexte, sa principale mission, l’accueil inconditionnel, est plus que jamais nécessaire.

l'accueil des personnes en difficulté

Maquette des espaces de travail à la communauté de Trappes

‘Rester chez soi’ quand on n’a pas de chez soi

L’accueil des personnes en difficulté

« Toute notre existence d’emmaüsien est tournée vers le contact, l’entraide », précise Franck Leton, reponsable à la communauté de Trappes. « Et là, on nous demande de faire l’inverse. C’est un rétropédalage bouleversant pour nous. » La semaine dernière, juste avant que ne soient prises les premières mesures, la communauté a d’ailleurs accueilli en urgence trois personnes sans abri.

Un contexte difficile qui affecte les personnes les plus vulnérables. Ainsi, parmi les trois compagnons, un jeune homme qui devait intégrer la communauté en bénéficiant d’un contrat de qualification. Et grâce à ce contrat, une chambre lui était promise en foyer. La semaine dernière, suite à la perturbation générale, il s’est soudainement vu refuser le contrat, et donc la chambre. Ce qui a poussé la paroisse à l’orienter vers la communauté, un refuge de dernière minute.

Accueil des personnes en difficulté

La communauté de Trappes

Le second compagnon dormait dans une voiture. La jeune femme dans le métro, depuis une semaine. Elle venait d’être mise à la porte du CADA après que sa demande d’asile avait été déboutée. Avec une liste des communautés à la main comme seule piste. « Nous sommes au-delà de la capacité d’accueil mais je n’ai pas eu le cœur de les laisser comme ça, raconte Franck. Maintenant, pour le bien-être de la communauté, nous ne pouvons prendre de nouvelles personnes. Nous sommes trop nombreux, ça met en péril le groupe, nous attendons. »

Un accueil inconditionnel : Emmaüs reste en mouvement

L’accueil inconditionnel s’inscrit dans la charte des communautés d’Emmaüs, diffusée en 2007. Il est toujours actif en ce moment, dans le respect des contraintes sanitaires. Il constitue l’un des piliers du mouvement et se définit en ces mots :

Toute personne en situation de détresse, présente sur le territoire, a le droit à un hébergement et un accompagnement. (Cela), indépendamment de l’âge, de la nationalité, de la religion, de la santé, du parcours personnel, familial ou professionnel, de qualifications, d’orientation sexuelle…

La force du mouvement se traduit dans le groupe et dans sa diversité. A Trappes, l’accueil des personnes en difficulté a permis de mettre en place une communauté forte et très active. En ce moment, malgré l’absence des bénévoles et des salariés, l’équipe des 20 compagnons se relaie matin et après-midi, pour poursuivre le travail, les activités de rangement, de nettoyage.

Vente d'objets Emmaüs

Préparation pour une Vente spéciale Linge de Maison

Des communautés de travail qui s’autofinancent

L’accueil des personnes en difficulté par le travail

En effet, une fois à l’abri, pour lutter contre l’exclusion, l’activité devient la meilleure arme. Et c’est un des principes de base des communautés. En accord avec le Manifeste Universel d’Emmaüs, celles-ci vivent de leur travail. Un gage d’indépendance d’action et de parole. Pour Franck, ces deux dimensions, sociale et économique, fournissent une ‘réponse globale’ aux situations de précarité.

L’activité et le partage des responsabilités font du mouvement Emmaüs ce qu’il est. D’où l’absence de subordination dans la structure. On ne peut imposer de décisions aux compagnons. Les choix se font dans le groupe. Les compagnons s’investissent dans la communauté et ses diverses problématiques. Et dans la situation actuelle, c’est une force. A Trappes, tout le monde poursuit l’activité, exceptée une jeune maman qui demeure auprès de son enfant. Avec sérénité, les journées passent vite.

Vente d'objets Emmaüs

Les gains de la communauté grâce à la boutique et à la vente d’objets.

Le groupe avant tout

« Alors, oui, c’est vrai, on ne mange plus ensemble en ce moment, tempère Franck, mais on garde des moments de convivialité entre nous. Nous avions des livraisons de fruits frais, j’ai préféré garder cet apport de l’extérieur. On peut quand même prendre une clémentine et un café, discuter un peu. Les compagnons ont besoin du contact et de l’activité. Et de s’assurer que tout le monde va bien…

C’est notre chance pour le moment. Personne n’est tombé malade ici. Donc il n’y a pas de psychose dans le groupe. On se côtoie par réflexe tout en prenant des précautions. Ce n’est pas si mal en fait, d’oublier ce qu’on risque quand on est confiné à l’intérieur, tous ensemble. Les compagnons sont heureux de ne pas être seuls. Les histoires de vie, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, ont construit le groupe et cette situation ne change pas ça. »

L’incertitude et l’attente

La difficulté est que la crise sanitaire perturbe les projets mis en place par les communautés. Tant au niveau de l’activité que de l’insertion professionnelle ou de la prise en charge sociale des compagnons. La majorité des événements sont annulés. Des alternatives se mettent en place pour les formations et la motivation est forte. Cependant, les charges demeurent les mêmes au quotidien alors que l’activité est faible.

Accueil des personnes en difficulté

En attente pour quelques jours

A Trappes, le recrutement d’une intervenante sociale était prévu dans les jours qui suivent. C’est compromis, tout comme les formations de premier secours qui devaient être dispensées aux compagnons. Une façon précieuse de contribuer à la confiance en soi.

Mais la communauté ne se laisse pas abattre. « On a des réponses positives sur des formations, des financements. Je ne peux pas croire que tout va s’arrêter, insiste Franck. Il faut que tout le monde s’y mette pour que cela revienne à la normale. » Le mouvement Emmaüs demeure en mouvement.

L’accueil des personnes en difficulté : le cœur d’Emmaüs

Label Emmaüs, nous souhaitons remercier les communautés de la France entière et les structures qui nous accompagnent. Pour elles, chaque jour est une situation délicate, un combat à mener contre l’exclusion, la précarité. Nous sommes fiers de travailler ensemble et vous remercions de votre soutien.

Sur notre site, vous pouvez avoir accès aux univers livres, déco, mode, high-tech, loisirs de ces structures. Nous poursuivons nos livraisons et vous invitons à contribuer à la vie de ces communautés. Ces femmes et ces hommes se battent au quotidien et pour la plupart ils poursuivent leur travail dans un contexte difficile. Soutenez-nous et soutenez-les. C’est par ici.

5 Comments

  • Jean dit :

    Merci à Frank pour son témoignage et à label de le relayer ! Patience…

    • Kadija dit :

      Merci à vous Jean de ce message. Franck et tous ceux qui mènent ce combat, car c’en est un, sont des personnes exceptionnelles. Nous sommes heureux de partager leur travail avec vous et leurs convictions. Très belle journée à vous.

  • Le Baragosse dit :

    Les communautes Emmaus, aujourd’hui au nombre de 117 en France, sont le projet central du mouvement Emmaus. Les communautes sont des lieux d’accueil, de vie, de travail et de solidarite qui fonctionnent uniquement grace a l’activite de recuperation des compagnons d’Emmaus, personnes exclues accueillies de facon « inconditionnelle » pour une duree indeterminee. Ces communautes ont une activite qui consiste a recevoir les dons des particuliers (meubles, vetements, bibelots, velos, etc.), a les remettre en etat si besoin et a les revendre a un prix peu eleve. Les communautes accueillent aujourd’hui pres de 3 880 personnes exclues

Laisser un commentaire