Exposition Chaussures “Marche Démarche” au musée des Arts Décoratifs

Nous avons eu la chance d’assister à l’exposition “Marche Démarche” dédiée à la chaussure et son histoire, au musée des arts décoratifs de Paris. Aussi, nous souhaitions vous partager certaines des anecdotes et informations récoltées, une mine d’or de la culture chaussure qui a une grande place dans notre patrimoine mode !

Aujourd’hui, au delà de l’aspect esthétique, on demande avant tout à nos chaussures d’être assez confortables pour pouvoir marcher avec. Une évidence, nous direz-vous ! Pourtant cette vision pratique de la chaussure reste relativement récente. En effet, son usage et son esthétique ont beaucoup évolué à travers les époques et les classes sociales.

Dans les représentations anciennes, l’esclave ou le prisonnier sont pieds nus, ce qui leur enlève leur liberté. 

La chaussure en France

Le talon 

C’est au XVIème siècle que le talon arrive chez nous sous influence perse, pour homme comme pour femme. 

Louis XIV portait des talons rouges. A l’époque de Marie Antoinette, les gens portaient des chaussures trop petites pour marcher, le confort n’était pas le critère. Marie-Antoinette faisait une pointure 33 pour 1,63m.

On est sur une représentation de la femme assise qui ne fait rien. Les riches ne marchent pas et les pauvres marchent en sabots. 

A l’époque, même si cela peut sembler étrange, c’est le sabot qui était fait pour marcher, et non les jolies chaussures. Le sabotier avait un rôle central, il fabriquait les sabots avant l’automne et les réparait au printemps , quand les personnes pouvaient être pieds nus en attendant de les récupérer. 

A partir du XVIème siècle, on peut laisser voir les sous-vêtements (chemises blanches) propres, ce qui appuie le statut de riche. Historiquement, la chaussure ne devait jamais être sale même si les pieds eux-même étaient sales. 

Jusqu’en 1730, l’homme portait un talon allant jusqu’à 8,5cm de haut mais arrête à partir de cette époque. Ensuite, il met des boucles décoratives sur ses souliers. Tout le monde était contraint dans son corps chez les aristocrates, que ce soit avec le corset, le juste au corps, les bas … homme comme femme. On leur apprenait la posture, la tenue du corps. On ne pouvait pas s’habiller seul tellement c’était compliqué, ce qui était signe de richesse. La femme doit avoir un pied mignon et être fragile. 

La chaussure d’intérieur, mi- chaussure mi-chausson

Il n’y a pas de réelle différence entre chaussure d’intérieur et d’extérieur avant le XIXème siècle. C’est également à ce moment qu’on commence à avoir la notion d’intimité chez soi. N’oublions pas que les rois comme Louis XIV faisaient absolument TOUT en public du lever au coucher, de la toilette aux besoins…

Les femmes de l’époque étaient étouffées dans des corsets, et le même sort était réservé à leurs pieds qu’on écrase afin de les faire rentrer dans de petites chaussures toutes fines pas du tout à leurs tailles. Les hommes suivaient cette mode aussi, comme par exemple Alfred de Musset qui était un grand coquet.

Dans les années 1830-1840, la marque de chaussures Pinet créé le talon en caoutchouc qui lui permet de fabriquer de nombreuses sortes de talons différentes et qui soient plus stables. C’est seulement dans les années 1870 que l’on distingue pour la 1ère fois le pied gauche du pied droit. 

Au XIXème, le cuir arrive dans les chaussures avec la galoche, faite d’une semelle en bois et de cuir sur le dessus. On a accès à plus de matières. A cette époque on porte des chaussures à la plage. 

La chaussure ailleurs dans le monde 

A l’étranger, les chaussures étaient plus adaptées au climat par leur matière et forme. Par exemple, les femmes inuits avaient 3 paires de chaussures (des bottes) qu’elles ornaient de décoration quand elles étaient mariées. 

Les chinoises des peuples traditionnels Hans avaient pour habitude d’essayer d’avoir des pieds de maximum 8 centimètres de long, elles les atrophiaient donc dès leurs 6 ans pour les empêcher de grandir. Une torture pour le corps. Nous faisions un peu pareil dans une moindre mesure chez nous. 

Dans les civilisations musulmanes et au Japon, on enlève les chaussures à l’intérieur pour ne pas souiller chez soi. 

En Inde, on faisait des talons qui touchaient le moins possible le sol pour ne pas “abîmer la nature”.

XXème siècle : la chaussure se fait multiple

Le XXème siècle marque l’apparition de nombreux styles de chaussures différents, adaptés par exemple à la pratique de sports spécifiques.

Les richelieus sont des chaussures mixtes.

Les sharlestones sont les chaussures des années 20 pour les danser le sharlestone. 

Le talon aiguille est typique des années 1920. 

Le talon choc est un talon aiguille courbé. 

La chopine est un talon compensé très haut en liège qui naît en Espagne. 

La chaussure de sport fait son apparition au début du XXème siècle. Pour l’anecdote, le fondateur d’Adidas est Adi Dass et Nike signifie “Victoire” en grec.

La converse est à la base pour le basketball et la Stan Smith pour le tennis. 

Les derbies sont elles aussi créées pour le tennis dans les années 1920.

C’est seulement à partir du XIXème que l’on commence à voir des chaussures spécifiques pour la guerre.

La différenciation filles et garçons par le bleu et le rose commence dans les années 1920. Cependant, il faut attendre les années 1950-1960 avant que l’on fasse des chaussures pour enfants. Avant, l’enfant était vu comme un adulte inachevé, un adulte miniature. 

Pendant l’occupation, on fait ses chaussures soi-même avec des matériaux de récupération comme le liège et l’osier, et il y a beaucoup de talons compensés. Les chaussures sont alors esthétiquement jolies. 

Dans la 2ème moitié du XIXème siècle, on commence à marcher plus, notamment car les villes deviennent plus agréables grâce au trottoirs, passages couverts etc… On passe ainsi du statut de promeneur à celui de flâneur. 

La prostitution se développe également dans les maisons closes pour ne pas que ce soit visible par la société, et les insoumises sont les prostituées qui refusent de se cacher. 

A partir des années 1960, on fait plus attention à l’anatomie du bébé et le talon comme le pantalon ne sont plus la norme pour la femme. Le corps se libère !

Le saviez-vous ? Histoires de chaussures stars

La botte de 7 lieux

7 lieux était la plus longue distance que pouvait parcourir le postillon (conducteur de diligence) entre 2 stops. Le postillon portait d’immenses sur-bottes par dessus ses propres bottes pour se protéger des intempéris, de la boue etc. C’est de là que vient le nom “botte de 7 lieux”.

La pantoufle de verre 

La pantoufle de verre, contrairement à ce qu’on entend souvent, était bien en verre et non pas en vair. C’est Balzac qui avait lancé cette croyance en pensant à une erreur de la part de La Fontaine à la rédaction de ses fables. 

En effet, le verre étant une matière inaltérable, seule Cendrillon pouvait ainsi porter cette pantoufle parfaitement adaptée à son pied.  

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Anne-Sophie Tournadre

Anne-Sophie Tournadre

Sensible aux injustices sociales et consciente de l'urgence climatique, je pense - comme le disait l'Abbé Pierre - qu'il ne faut pas attendre d'être parfait‧e pour commencer quelque chose de bien.

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