On l’apprenait jeudi dernier, la neutralité du net est désormais menacée aux Etats-Unis. Cette règle, longtemps tacite, avait été votée officiellement sous la mandature Obama. La décision de mettre fin à la neutralité du net, éminemment politique, émane de la FCC, autorité de régulation des télécommunications, qui est contrôlée par les Républicains depuis l’investiture de Trump. Chez nous, ce principe de neutralité est inscrit dans la loi pour une République numérique (2016) et donc protégé en principe.

La fin de la neutralité du net aux Etats-Unis, ça vous fait une belle jambe, nous direz-vous. Eh bien en fait, c’est plutôt grave : le risque ? Le développement d’un internet filtré et à deux vitesses.

Aujourd’hui, tous les utilisateurs, quelles que soient leurs ressources, ont accès au mêmes contenus sur internet, avec la même qualité de réseau* où qu’ils soient dans le monde (hors Chine ou autre Corée du Nord). Avec la fin de la neutralité du net, les opérateurs télécoms, aujourd’hui simples courroies de transmission entre les sites et les utilisateurs, pourraient imposer aux utilisateurs de payer des abonnements pour pour avoir accès à certains bouquets de services aujourd’hui gratuits et incontournables ou même réduire le débit internet pour les utilisateurs qui paieraient le forfait minimum.

Autre conséquence, les fournisseurs d’accès à internet pourraient imposer aux services en ligne de payer, eux aussi, un ticket d’entrée pour être mis en avant dans les bouquets de services, ce qui freinerait l’émergence de nouveaux petits acteurs et accentuerait la concentration sur les gros acteurs du marché comme les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), qui eux, pourront se payer cette visibilité.

Pour autant, pas évident de bien comprendre qui sont les gentils, qui sont les méchants : en effet, les GAFAM sont les premiers à militer pour cette neutralité ! Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain : les GAFAM défendent eux aussi un internet ouvert, car après tout ils sont nés dans des garages et dans des universités, avec des visions de départ pour un web ouvert, où l’on partage ses connaissances et son réseau. Et aujourd’hui ils mettent en lien des millions d’internautes et nous rendent des services au quotidien.

Sans les désigner comme les grands méchants (car nous aussi, consommateurs, contribuons à leur succès), il s’agit d’utiliser ces services en connaissance de cause car leur ergonomie, leur efficacité et leur gratuité ont en fait un prix : nos données  —et leur revente aux annonceurs et aux algorithmes de publicités ciblées les plus offrants (d’ailleurs, vous voulez savoir ce que Google sait et revend de vous ? Cliquez ici**) !

Source de l’image : framasoft.org

C’est pourquoi il est important, sans se couper du jour au lendemain de l’internet que l’on connaît tous, de prendre au sérieux les questions de droits, de libertés et d’éthique numériques et, de la même manière que l’on exige du bio, du traçable et du local en matière d’alimentation, exiger un internet divers, décentralisé et permettant la maîtrise de nos données personnelles. Ces enjeux sont majeurs dans une économie de plus en plus numérisée.

Des alternatives aux GAFAM existent, et leur développement ne tien qu’à une chose : au soutien des consommateurs.

 

Ce soutien peut permettre deux choses : un, l’amélioration des solutions alternatifs pour les rendre plus crédibles et plus utilisées, et deux, l’évolution de l’opinion publique, qui peut accélérer la prise en main de ces questions par nos politiques, notamment en matière de monétisation des données personnelles. L’Europe est d’ailleurs plutôt en pointe sur ces questions de confidentialité des données par rapport aux autres puissances, et c’est une bonne nouvelle pour la démocratie cf 1984 de George Orwell, « big brother is watching you« , tout ça, tout ça.

Pour revenir aux web-alternatives, on peut ainsi citer :


*hors zones blanches, mais ceci est une autre question !

** fonctionne si vous avez un compte Google

 

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