A vous, donateur anonyme.

Tous les objets, humbles ou précieux, confiés à Emmaüs, sont porteurs d’histoire.

Témoins d’une vie, ils nous connectent avec un passé, un lieu, une mode éphémère.

Certains nous questionnent et parfois l’imagination s’envole …

Workiya

Renaissance d’un collier voyageur

Je naquis il y a longtemps, très longtemps des mains expertes d’un artisan kabyle.

Pour rendre hommage à son père qui lui avait transmis l’art de la bijouterie traditionnelle, et tout en rêvant au regard de braise de sa cousine, il mit tout son cœur pour ouvrager mes pièces émaillées, mes maillons d’argent et sertir mes cabochons de corail.

J’étais superbe! Je rehaussais bientôt la beauté d’une jeune amazigh.

Je me souviens de mes premières années légères, solaires, festives…

Je me souviens de l’obscurité de la malle où je reposais de plus en plus souvent…

Je me souviens ce jour de grande agitation; Brinquebalé sur des chemins cahoteux, bercé puis malmené
par une mer impétueuse, j’entrepris cet interminable voyage de mon village natal jusque dans le sud de
la France.

Je me souviens encore des mains qui me caressaient et du regard empreint de nostalgie de ma douce
berbère.

Je me souviens du silence, long.

Il y a quelques semaines j’ai été réveillé de ma torpeur et je me suis retrouvé dans un capharnaüm, enfoui sous une pile de vêtements, chaussures et objets divers.

Là, des mains agiles m’ont saisi et des yeux admiratifs m’ont rendu ma beauté oubliée.

La jeune femme Diya, d’origine kabyle s’est rappelée, souriante, les terres de son enfance.

Elle a pris soin de moi, m’a nettoyé délicatement, et m’a confié à Judith qui m’a photographié sur les fronts de Larem et de Tiyadora, afin que je paraisse sur les pages internet dans les sélections d’objets vendus sur Label Emmaüs.

Demain, peut être chez vous, un nouveau cycle d’ existence s’ouvre devant moi…

Certains faits et personnages sont purement fictifs.

Ce qui est bien réel c’est la magie d’un homme simple, armé de sa bonté et de sa révolte face à la misère, qui a insufflé ce formidable élan qui a donné naissance au mouvement Emmaüs.

Un lieu où compagnes et compagnons peuvent se poser quelques semaines, quelques mois, quelques années, se ressourcer et reconstruire une nouvelle vie.

Où bénévoles attestent chaque jour de la sagesse de l’Abbé qui écrivait « donner c’est recevoir ».

Où salariés ont la chance de pouvoir exercer un travail en accord avec leurs valeurs.

Un mouvement présent dans le monde entier qui relie, par des liens invisibles à l’œil nu, des humains de partout, dans une formidable chaîne de solidarité.


Workiya a grandi en Mauritanie dans la village de Toulel, au milieu du désert.
Elle est marseillaise depuis deux ans et a rejoint l’équipe de Frip’Insertion il y a quelques mois. 
Chaque jour, elle trie les vêtements donnés à l’association, leur offre une nouvelle vie, et les vend dans nos boutiques.
Chaleureuse et souriante, en plus d’être mannequin pour Label Emmaüs, elle aimerait être vendeuse en prêt-à-porter pour enfants. 
Le collier Amazigh qu’elle nous raconte ici sera prochainement en vente sur la e-boutique de Frip’Insertion.

 

 

 

 

 

 

 

Merci à elle pour ce très beau texte.

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